Petit bain froid d'hiver (with Cherrie)

La fin de l'après- midi s'annonçait. Il était à peine dix-sept heure mais avec l'hiver qui approchait à grand pas, la nuit avait tendance à tomber plus vite que d'ordinaire. C'était le week-end, par conséquent, aujourd'hui avait été bien tranquille, sans cours pour gâcher l'ambiance. Price n'aimait pas franchement les cours de cette école. C'était trop ennuyeux, ce n'était pas pour lui. Mais bon, il faisait un effort néanmoins car ce n'était pas pour rien qu'il était venu à Audaron. Price avait passé une bonne partie de la journée enfermé dans sa chambre car moins il voyait de monde, mieux il se portait. Pour le moment, il n'avait encore fait connaissance de personne. Personne à part Zoran et cet insupportable Jay. Pour un début, ce n'était pas terrible. Il aimerait bien que cela ne prenne pas plus d'ampleur. Price évitait les relations. Ca le mettait trop mal à l'aise. Quand on avait passé des années de solitude dans le noir avec un père cinglé, on avait toujours un peu de mal à se faire à de nouvelles lumières et de nouveaux esprits.

Au bout d'un moment, donc en cet après-midi qui touchait à sa fin, Price décida d'aller un peu se dégourdir les muscles. Il lui fallait entretenir cette musculature dont il ne pouvait qu'être fier. Pour cela, divers moyens. La musculation était l'un de ses favoris, mais pour cette fois, il opta pour la piscine. En sortant du bâtiment, Price se confronta à l'air froid d'automne, de fin d'automne, mais il l'ignora tout bonnement. Il ne craignait pas le froid, il faisait froid dans les ténèbres.

Arrivé au bord de la piscine, il ne vit personne. Il ne regardait pas vraiment à vrai dire. Il pensait qu'il n'y aurait personne dans l'eau avec un froid pareil. Price retira sa veste de cuir, son haut noir, son pantalon, chaussures...Ne gardons qu'un bermuda noir sur lui. Il fit face aux flots glacés de la piscine qui s'étendait devant lui, les scrutant de son regard aussi bleu qu'eux. Et puis finalement, il plongea. Le froid de l'eau engourdissait tout son corps, mais Price y résista assez facilement, bien que cela restait pas très agréable. Price se lança dans la brasse le long de la grande piscine, faisant rouler ses muscles sous sa peau pâle. Ce n'est qu'une fois arrivé à l'autre bout de la piscine, qu'il se rendit compte qu'il n'était pas vraiment tout seul. Il se retint sur le rebord de la piscine et baissa son regard vers le fond dans lequel se dessinait une silhouette.

L'hiver. Cherrie adorait l'hiver. Et à vrai dire , elle n'avait jamais vu à quoi ressemblait cette saison si particulière. La jeune femme avait juste vu des photos ou des dessins. Et ce qui la marquait le plus c'était cette épaisse couche de chose blanche, étrange, qui rendait le paysage magnifique. Qu'il soit délabré ou non. Le froid prenait place lui aussi. Là, Cherrie était moins fan. Les cours venaient tous de finir. Du moins ceux de la matinée, et la jeune femme n'était pas d'humeur à allez à ses derniers cours. Les élève étaient sympas. Sans plus. Ce n'était pas le problème. Elle avait juste envie de nager. De faire ce qu'elle faisait le mieux et ce qu'elle aimait le plus. Nager ou se réfugier au fond de la piscine.

Elle s'était alors dirigée vers celle ci, lentement, son souffle devenant fumer. Arriver au bord de la piscine, elle enleva son manteau, ses chaussures, son haut puis son jean pour finir en sous vêtement. Enfin Cherrie plongea dans l'eau froide qui la fit légèrement frissonner, sans plus. Elle nagea jusqu'au fond de la piscine avant de s'y allonger et de fermer les yeux. Ses lèvres s’étirèrent pour laisser place à un jolie sourire. Le silence. Quoi de mieux qu'un peu de silence ? Surtout dans de l'eau. Pour la jeune femme, c'était un petit bout de paradis. La seule chose qui pouvait la rendre heureuse. Alors que le silence était roi , des vibrations lui firent ouvrir les yeux. Elle fixa alors le corps d'un homme qui se trouvait en ce moment même dans la piscine, avec elle.

Cherrie fixa le corps un moment avant de soupirer et de remonter lentement. C'était trop beau pour être vrai. Mais une chose l'intriguait. L'eau était bien trop froide pour se baigner dedans. La jeune fille ressentait à peine le froid. Ce qui était normal vu qu'elle était la fille de Poséidon et qu'elle vivait au fond d'un océan. Du moins normalement. Elle sortit enfin sa tête de l'eau en fixant de ses deux yeux bleus, le jeune homme accrocher au bord de la piscine. Elle le fixa un moment sans rien dire.

Price observa la silhouette immobile au fond de l'eau. Pendant un temps, il se demanda si c'était normal ou pas. Mais il avait vite appris que dans cette école, beaucoup de chose particulières étaient en fait très normales. Gardant une main sur le rebord de la piscine, Price scruta un moment cette forme jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'elle bougeait. Bon, au moins, ce n'était pas quelqu'un mort noyé ou d'hypothermie. Mais qui pouvait autant que lui supporter une eau aussi froide ? Oh ça devait bien exister ici après tout.

Plus la forme au fond de l'eau remontait vers la surface, plus il se rendit compte qu'il s'agissait qu'une fille. Elle avait l'air très à l'aise dans l'eau, peut-être même plus à l'aise que lui ! Price restait immobile jusqu'à ce que la jeune fille sorte enfin la tête de sous les flots de la piscine. Price ne connaissait pas cette demoiselle bien qu'il était possible qu'il l'ai vu plus d'une fois dans un couloir ou autre sans pour autant faire attention à elle. Le jeune homme se passa une main sur le visage pour retirer les mèches de cheveux gênantes qui l'empêchait de répondre au regard bleu de la jeune fille. Le bleu de ses yeux à elle n'était pas exactement comme le sien. Elle avait plutôt une couleur proche du saphir, du céruléen de l'océan, tandis que le sien restait très pâle, proche du bleu ciel, de l'azurin.

La présence de cette jeune fille l'avait prit au dépourvu. Il aurait aimé être seul pour faire ses longueurs, mais voilà qu'il devait partager la piscine avec elle. D'un autre côté, si elle restait dans son coin à s'occuper de ses affaires, rien n'était impossible. Mais elle l'observait, elle le fixait sans rien dire. Elle avait vraiment l'air à l'aise dans cette eau. On dirait même que le froid n'avait aucune emprise sur elle. Ce n'était pas le cas pour Price qui lui, se contentait d'avoir une bonne résistance au froid. Cela ne voulait pas dire qu'il ne le sentait pas. D'ailleurs, à rester immobile, ce froid semblait encore plus mordant. Price se décida alors à rompre le contact visuel avec la jeune fille pour reprendre une longueur jusqu'à l'autre bout de la piscine.

Le bleu de leur yeux avait arrêté le temps durant quelques secondes. Mais Price mit rapidement fin à ce contact improvisé pour dégourdir son corps qui avait besoin de bouger pour ne pas se laisser envahir par le froid environnant. Cette fille, il espérait qu'elle ne vienne pas lui chercher des noises, parce que la piscine était tout de même assez grande pour eux deux. Lorsqu'il arriva à l'autre bout de la piscine, il s'accrocha à nouveau sur le rebord et tourna son regard derrière lui mais elle avait disparue. Enfin, pas tout à fait. En baissant les yeux, il vit sa forme se mouvoir avec grâce et facilité dans l'eau tel un poisson. Il trouvait une certaine admiration à la voir aussi bien à l'aise dans ce milieu pour la saison hostile. Price détourna rapidement son attention d'elle et entreprit une nouvelle longueur. Mais tout à coup, il se prit une masse d'eau sur la tête, ce qui le surprit au plus haut point. Price ressortit la tête de l'eau et l'agita dans tout les sens pour retirer le surplus d'eau. Il se passa aussitôt une main sur le visage et entendit rire derrière lui. Il pivota aussitôt vers la demoiselle qui avait regagner la surface.

-Bonjour quand même , moi c'est Cherrie

- Quoi qu'est-ce qu'il y a ? C'est ma tête qui te reviens pas ? rouspéta alors Price, mauvais perdant dans une bonne blague.

Il observa son interlocutrice se mettre sur le dos, le regard un peu ailleurs. Un moment de silence suivit cette soudaine présentation, qui n'avait d'ailleurs pas été réciproque. Pendant ce temps, Price regagna le bord de la piscine dans une brasse élégante et assurée. Il s'accouda au rebord de la piscine, se passa une nouvelle fois la main sur la figure pour retirer ses cheveux mi long qui prenaient plaisir à se mettre devant ses yeux lorsqu'il nageait. Finalement, Price sentit comme une gêne dans ce silence imposé. Il sentait un regard sur son dos alors que lui fixait les herbes qui entouraient le point d'eau. Peut-être avait-il réagit un peu trop brusquement. Il n'aimait pas vraiment les effets de surprise à vrai dire et surtout depuis l'incident avec Jay, sa foi envers les autres élèves n'était pas au mieux de sa forme. Le jeune homme jeta un oeil par dessus son épaule. La jeune fille était toujours là, silencieuse, souriante, immobile. Seule sa tête dépassait de la surface des flots. Bon, ça ne coûtait rien de lui répondre après tout.

- Je m'appelle Price.

Price fixait cette fille qui venait de lui faire une blague qui ne faisait rire que elle. Mais très vite, le regard de cette dernière se transforma en des iris inondés de remords. Elle avait été néanmoins surprise de la réaction de Price. Il pouvait le comprendre, mais elle même devait comprendre ce qu'il avait ressentit à ce moment là. Evidemment, difficile de comprendre quelqu'un comme lui, qui parlait peu et s'acclimatait peu au contact des autres. Le jeune homme continuait de fixer froidement la demoiselle qui décida de revenir sur son fait :

-Excuse moi...Ma blague n'est pas de très bon goût. Surtout qu'on ne se connait pas...Enfin...Désolé...

Price ne répondit pas tout de suite. Que devait-il répondre lorsque quelqu'un s'excusait auprès de lui ? Cela n'arrivait pas tous les jours à vrai dire. A ses côtés, la jeune fille nommée Cherrie, il le savait à présent, s'accouda sur le rebord de la piscine. Price la suivit des yeux, bien que le fait d'être d'être ainsi toisé par les joyaux saphirs de la demoiselle lui imposa une nouvelle gêne. Au bout d'un moment, le jeune homme baissa légèrement le regard avant de répondre d'un ton beaucoup moins agressif :

- C'est bon, c'est rien...

Ca aurait pu être pire après tout, bien pire. Il savait à présent, il était sûr, elle n'était pas là pour lui chercher la moindre embrouille. Au moins, elle était sincère, et ça, il le sentait également dans sa voix. En tout cas, cette rencontre un peu mouvementée lui aura donné une leçon sur la façon d'aborder les gens.

-Dis moi ? Tu n'a pas froid ? Parce que l'eau est tout de même ...très froide justement .

Price redressa son regard vers le visage de son interlocutrice. Il faudrait être fou ou dépourvu de sensibilité pour ne pas s'apercevoir que l'eau était glacée. Et même encore, le simple fait de se savoir en hiver donnait un indice flagrant sur la température des flots. Mais alors qu'elle lui avait posé la question, Price se souvint qu'il s'était demandé plus ou moins la même chose lorsqu'il avait vu la jeune fille se dandiner sous l'eau comme si de rien n'était.

- Je te retourne la question, répondit-il, on dirait que cette eau ne te fais ni chaud ni froid, si j'ose dire.

-Et bien...C'est normal en faite. Je suis la fille de Poséidon. J'ai déjà été dans des eaux bien plus froides.

Effectivement, vu comme cela, c'était parfaitement logique. Mais bon, Price ne pouvait pas non plus deviner qui elle était après tout. Il hocha la tête. Elle était donc la fille d'un dieu ? Possédait-elle autant de pouvoir que son géniteur ? Mais que faisait-donc la fille d'un dieu dans un endroit pareil ? Price savait qu'il pouvait trouver un peu de tout comme enfant ici, mais pas à ce point. Il pensait que des fils ou filles aussi "important" iraient ailleurs, ou resterait avec leur parent, à veiller sur leur élément naturel ou un truc dans le genre. Oh après tout, qu'est-ce qu'il en savait ? Lui, il se disait ça parce que s'il n'avait pas appris de lui même à manipuler les ombres, il serait encore coincé dans le monde souterrain de son père.

-Et toi alors ? reprit la jeune fille, insistante.

Price n'aimait pas trop qu'on lui force la main, même si ce n'était pas vraiment le cas ici. La demoiselle était juste curieuse. Sans doute qu'elle ne pensait pas qu'on pouvait résister au froid si on était pas comme elle : né dans l'élément. Price baissa le regard, rompant une nouvelle fois le contact avec les iris céruléens de la jeune fille.

- Moi...Moi, je supporte relativement bien le froid, répondit-il en se hissant sur le rebord de la piscine pour en extraire son corps.

Price se dressa debout. Il en avait fini avec l'eau pour le moment. Un vent froid vint lui mordre violemment la peau. Laissant vagabonder son regard un peu partout autour de lui, le jeune homme remarqua une serviette qui semblait l'attendre exprès sur le dossier d'une petite chaise de bois. Price n'oubliait pas que cet endroit était baigné de magie. Alors peut-être bien que cette serviette avait toujours était là, peut-être bien qu'elle venait d'arriver aussi. Peu lui importait au final, il s'en appropria et s'empressa de se sécher avec.

Price s'essuyait avec la serviette sans poser le moindre regard à la jeune fille qui était restée dans l'eau. Si elle n'avait pas été là, il serait peut-être resté un peu plus longtemps. Mais il ne lui reprochait pas sa présence non plus. Price acceptait de se soumettre à la présence des autres, du moment qu'on ne lui cherchait pas les noises. Le jeune homme, depuis qu'il était arrivé dans cette école, essayait de faire comme s'il n'existait pas lui même. Il y avait des moments où il rêvait même d'être invisible et il pouvait l'être, à partir du moment où il y avait des ombres autour de lui. Il espérait que la jeune fille n'aille pas s'imaginer qu'il la fuit car ce n'était...pas tout à fait le cas. C'était presque instinctif chez lui de rechercher la solitude. Il entendit un bruit d'eau. Il devina alors que la demoiselle était sortit elle aussi de la piscine.

-Tu pourra me repasser ma serviette quand tu aura finis ? Il fait froid...Enfin prend ton temps hein !

Price se figea. Qu'avait-elle dit ? SA serviette ? Oups...Comment on faisait dans ces cas là ? Price se tourna finalement vers elle, à la fois un peu déconcerté, à la fois gardant un zeste d’assurance en lui. Il n'avait pas peur de ce qu'il venait de faire, mais ce n'était pas son genre de s'approprier les affaires des autres pour autant. Cela dit, Cherrie ne semblait pas mal le prendre puisqu'elle lui adressa uns sourire. Sourire qu'il se garda bien de lui rendre. Price souriait très peu. Sitôt qu'elle lui ai dit ça, le jeune homme lui jeta la serviette.

- ...J'avais fini... marmonna t-il, mal à l'aise.

Price retourna auprès de ses vêtements et enfourcha son pantalon aussi noir que son coeur et son âme. Il termina cela quand la jeune fille reprit la parole :

- Tu fait quoi d'habitude ? pour t'occuper ? si ma question n'est pas trop indiscrète bien évidemment.

Price venait d'attraper son haut et s'arrêta à nouveau dans son mouvement. Que faisait-il pour s'occuper ? Voilà une excellant question. Que faisait-il ? Hum...Il dû prendre son temps pour réfléchir un peu. Il ne songeait même pas au fait qu'il pouvait se passer de répondre, pour une fois.

- Tu viens d'en voir un exemple, finit-il par répondre.

Il marqua une pause, le temps de remettre son haut sur lui.

- J'aime faire de la guitare aussi, ajouta t-il nonchalamment.

Il se tut un moment, repensant au fait qu'il venait de se dévoiler à la jeune fille pour la première fois. Même si ce n'était pas grand chose. Il hésita. Puis la regarda de ses grands yeux de glace.

- Dis-moi...Sais-tu s'il y a des chevaux dans le coin ?

Cette question pouvait paraître fort stupide et curieuse. Mais pourquoi pas après tout ? Dans un monde magique, tout était possible non ?

"...J'avais fini..."

Le jeune homme semblait mal à l'aise. Cherrie qui lui avait sourit et qui semblait d'ailleurs en vouloir un en retour, ne reçu que sa serviette que Price venait de lui lancer. Elle le fixa un moment sans un bruit avant de commencer à s'essuyer. Il mit alors son pantalon noir en silence. Mais entre temps Cherrie lui avait alors demander ses occupations, en espérant que ça ne serait pas trop indiscret. Price qui commençait à mettre sont haut s'arrêta dans son mouvement. Le silence avait alors prit place et la jeune femme craignait n'avoir aucune réponse. Mais finalement celui ci répondit.

"Tu viens d'en voir un exemple"

Cherrie se mit alors à sourire en se dirigeant vers ses vêtements à elle aussi pendant que le jeune homme mettait son haut en silence. Il pourrait se voir de temps en temps et la déesse en étant d'ailleurs heureuse. C'était tout ? Elle se retourna en enfilant son slim, le regard fixer sur Price.

"J'aime faire de la guitare aussi"

De la guitare ? Donc il jouait d'un instrument ! Cherrie, un grand sourire sur le visage tapota dans ses mains. Ils pourraient tout deux jouer ensemble ? Elle prit son haut et le mit avant de reprendre sa serviette pour essuyer ses cheveux. Mais le regard bleu de Price poser sur la fille de Poséidon, la fit le regarder aussi. Il sembla hésiter un moment mais prit finalement la parole.

"Dis-moi...Sais-tu s'il y a des chevaux dans le coin ?"

Cherrie qui avait perdu son sourire, le regagna instantanément. Elle sautilla légèrement de joie avant de lancer sa serviette sur la chaise et d'enfiler avec une rapidité impressionnante ,ses chaussures, sa veste et son écharpe. Elle se mit alors fasse à Price , toute sourire avant de prendre la parole.

-Oh oui bien sur ! mon cheval se trouve là bas ! Tu sais qu'on a même des cour d'équitation ?! Je peux t'y conduire si tu veux ? Je dois m'occuper de mon cheval de toute manière. Et puis sa me ferais plaisir.

Cherrie possédait un cheval de mer que son père lui avait offert. Sur terre, l'animal ressemblais à un cheval normal, mais dans la mer il était bien plus grand et possédais cinq nageoire. Enfin un cheval de mer quoi. Elle attendit alors la réponse du jeune homme, son regard bleu poser dans celui de Price.

La fille eut un sourire jusqu'aux oreilles. Price regretta soudainement sa question. Jamais il n'aurait cru qu'elle réagirait ainsi. A vrai dire, il aurait espérait que la réponse soit négative et qu'elle le laisse tranquille. Raté. Cette fille sautait presque de joie. Quelle étrange demoiselle. Si imprévisible. C'était presque flippant. Il avait posé cette question à tout hasard mais d'un autre côté, il ne serait pas étonné qu'il y ai effectivement des chevaux dans les parages. Il y avait encore beaucoup de choses qu'il ignorait de cette école. Price s'était entièrement revêtu et fixait, décontenancé, la jeune fille qui jeta sa serviette et s'empressa de se rhabiller à une vitesse fulgurante. Soudain, elle s'avança vers le jeune homme qui continuait de la fixer en retrait, la trouvant de plus en plus...Bizarre et surtout trop proche en ce moment même !

-Oh oui bien sur ! mon cheval se trouve là bas ! Tu sais qu'on a même des cour d'équitation ?! lança alors la fille du dieu de la mer.

- Oh euh...Non je n-

Je peux t'y conduire si tu veux ? Je dois m'occuper de mon cheval de toute manière. Et puis sa me ferais plaisir.

Oh la la...Tant d'enthousiasme ! C'était déconcertant. Bon. Au moins il y avait des chevaux dans le coin, comme il s'en était douté. Il ignorait pour les cours en tout cas mais n'en avait pas besoin de toute manière. Le conduire ? Hum...Pourquoi pas ? Cet endroit était tellement grand qu'il aurait sans doute du mal à trouver les écuries. Le regard intense de la jeune fille sur sa personne était en revanche pas mal déstabilisant mais il décida tout de même de répondre.

- D'accord. Montre-moi.

"D'accord. Montre moi"

Cherrie qui s'attendait à une réponse négative tapa dans ses mains quand price lui donna, à l'inverse une réponse positive. La jeune femme lui adressa un dernier sourire avant de faire un demi tour en sautant sur elle même. Elle pointa en même temps le chemin qu'il fallait prendre puis elle s'exclama.

-En avant mauvaise troupe ! C'est part ici !

Jamais Cherrie ne se serait cru aussi détendu en la présence d'un inconnu et surtout d'un garçon. De nature timide , elle n'osait d'habitude rien. Mais là maintenant elle se sentait pousser des ailes. Peut être trop grandes d'ailleurs , à s'en rendre ridicule. Mais après tout le ridicule ne tue pas et un peu de joie ferait du bien à tout le monde. Cherrie fixa le jeune homme qui semblait franchement ... déconcerté ? Peut être que la déesse était trop joyeuse ? Elle se mit finalement en route , vers un chemin de terre qui traversait une petite forêt. Pendant qu'ils marchaient, le silence reprit rapidement place. Cherrie se retourna face au jeune homme tout en marchant puis elle décida de prendre la parole.

-Tu monte à cheval ?

Question basique et sûrement débile. Si il demandait ou se trouvait les écuries c'était surement qu'il montait à cheval. Du moins cherrie priait pour que ce soit le cas . Mais elle s'enflammait sûrement trop. Elle venait à peine de le rencontrer après tout. Certes , quelque chose chez Price l'attirait et la mettait bizarrement à l'aise, mais il fallait qu'elle se calme un peu. Son regard toujours et encore poser dans celui du jeune homme , elle attendait une réponse positive en croisant les doigts.

La jeune fille tapa dans ses mains. Elle était vraiment trop bruyante. Price se sentait bien mieux dans les ténèbres où un silence inouï régnait en permanence. A y avoir passé des années et des années là dedans, il en avait oublié à quel point le monde extérieur était bruyant. Il ne regrettait pas le calme des ombres. Cherrie sauta sur place, faisant face au chemin à faire et l'indiqua du doigt en s'exclamant :

-En avant mauvaise troupe ! C'est part ici !

Price ne répondit rien mais la suivit néanmoins. Bon, il devait faire avec, tant pis. Joignant ses mains dans son dos, le jeune homme laissa les devants à la jeune fille puisque c'était à elle de le guider. Il scannait néanmoins les lieux de mémoire pour pouvoir retrouver le chemin pour les jours à venir où il voudrait y aller de lui même. Car son but était évidemment d'être indépendant et il ne voulait pas avoir à toujours demander à quelqu'un tel ou tel truc. Pendant qu'ils marchaient, Price jeta un oeil à la jeune fille. Il y avait une autre chose dérangeante chez elle. C'était sa joie de vivre. Joie de vivre...Rien que les mots...Price était dépourvu de ce truc là. Pourtant...Le fait de le voir chez quelqu'un, ça lui offrait un sentiment étrange. Soudain, la jeune fille tourna son regard vers lui et lui demanda :

-Tu monte à cheval ?

Depuis des siècles, avait-il envie de répondre. Price avait appris tout jeune à monter les vaillants étalons noirs qui servaient les armées de son père au temps du Moyen Age. Les splendides frisons, majestueux chevaux de guerre. Pitch avait son propre cheval à l'époque qui se nommait Sombrelune. C'était une jument à vrai dire. Mais elle est morte durant une sanglante bataille. Après quoi, il eut Dendemort, un fougueux étalon. Quand à Price, lui aussi avait fini par avoir son propre cheval. Un grand à la robe sombre aux étranges reflets rougeoyants et qui se nommait Vülkan. Price se souviendra toujours de cet animal. C'était un cheval magique, né du coeur d'un terrible dragon que son père avait tué. Cela remonte à...Il y a bien des siècles...Price eut un léger soupire mais il avait oublié que la jeune fille lui avait posé une question. Reportant son attention sur elle, il finit par répondre :

- En effet.

"En effet."

Le jeune homme sembla réfléchir à la question de la jeune femme. Sûrement de vieux souvenir ? Cherrie cette fois ci ne sauta pas de joie. Price devait la trouver bizarre à sauter au premier oui du jeune homme. Elle était tout de même contente mais cette fois ci elle lui adressa juste un sourire. Elle soupira en fixant ses pieds . voilà maintenant que les doute refaisait surface. La Cherrie plein d'assurance avait disparue. Après de nombreuse minutes dans le silence elle reprit la parole.

-Moi aussi du coup. Mon père m'a offert mon cheval de mer quand j'avais 16 ans. Je monte depuis toute petite.

Elle se stopa après ce petit récit. Il n'avait surement pas envie d'écouter une fille inconnue raconter sa vie. Cherrie garda son regard poser sur le sol. Effectivement , la timidité avait reprit le dessus. Price devait la trouver franchement bizarre. Au début elle devait paraítre pleine de vie , confiante. Et maintenant voilà qu'elle était silencieuse et replier sur elle même. Enfin après quelque minutes qui lui parurent des heures,ils arrivèrent à la sortis du bosqué. L'écurie se trouvait à quelques mêtres devant eux.

-et voilà.

Elle ne rajouta rien de plus et le ton qu'elle avait employé était neutre. Elle rentra dans l'écurie pour directement se dirigé vers un des box. Elle s'approcha souriante et ouvrit la porte. La jeune déesse rentra et caressa avec amour l'encolure de sa monture. Le cheval était assez grand. Il devait mesurer dans les 1m80 facilement. Sa robe elle était gris pommelé. Ses crins quand à eux était gris presque noir. Cherrie lui mit un licol en cuir noir puis elle le fit sortir de son box pour le mettre à l'attache. La jeune femme s'approcha à nouveau de price.

-Euh....tu veux visiter ? Ou tu veux m'aider ? Ou t'occuper d'un des chevaux ? Sauf si tu à le tien ici ? Enfin....

Elle lui adressa un petit sourire génée avant d'aller chercher sa malle ou se trouvait ses produits de pansages.

-Moi aussi du coup. Mon père m'a offert mon cheval de mer quand j'avais 16 ans. Je monte depuis toute petite, expliqua la jeune fille.

Price aurait dû se douter qu'elle lui sortirait une anecdote de sa vie ayant pour thème son cheval. Mais il ne pu que remarquer une certaine similitude entre les deux façons que les jeunes gens avaient reçu leur monture, à l'inverse que Price avait eut son cheval encore plus jeune que Cherrie. Price écoutait les paroles de la jeune fille, mais toujours en gardant le silence. Il remarqua notamment qu'elle avait changé d'attitude. Elle était moins expressive, moins joyeuse. Pourquoi ? Pourquoi ce changement si soudain ? Etait-ce lui qui répandait un air morose autour de lui ? Il espérait que non ! Et si c'était le cas ? Etait-ce le début de la déchéance pour lui ? Allait-il finir comme son père ? Ou alors elle s'était rendu compte de son mutisme, ou bien elle avait abandonné l'idée de se montrer joviale avec lui. Tant d'hypothèse, ne pensons pas tout de suite au pire. Le reste du chemin se fit néanmoins dans un silence que Price ne pouvait qu'apprécier, bien qu'il ne cessait de se demander si Cherrie s'était mise en retrait à cause de lui. Très vite, les odeurs classiques de foin et de renfermement liées aux chevaux se firent sentir. Price aperçu alors non loin de lui l'écurie.

-et voilà.

Price détailla les lieux du regard. Ca n'avait pas grand-chose à voir avec les écuries qu'il avait connu dans sa lointaine jeunesse. Cherry alla s'occuper de son cheval. Price la suivit un temps du regard tandis qu'elle passa le licol à sa monture au pelage clair.

-Euh....tu veux visiter ? Ou tu veux m'aider ? Ou t'occuper d'un des chevaux ? Sauf si tu à le tien ici ? Enfin....

Price ne répondit pas. Il ne pensait pas avoir besoin de visiter une écurie. Il n'était pas si perdu que ça. Quand à ton cheval, il y avait bien longtemps qu'il n'était plus de ce monde. Price regarda la jeune fille chercher ses affaires puis laissa son regard vagabonder un peu partout autour de lui.

- Ces chevaux appartiennent-ils tous à quelqu'un ? finit-il par demander.

Elle soupira. Pourquoi elle soupire ? Qu'avait-il dit ? Elle devrait plutôt s'estimer heureuse. Il n'avait pas pour habitude de s'adresser aux autres, encore moins de leur poser des questions. Mais pour Price, il y avait quelque chose d'attirant dans le monde des chevaux. Après tout, l'époque du Moyen Age a été embelli par ces montures. C'était malheureux que Pitch ai oublié sa vie d'autrefois, avant de n'être qu'un horrible croquemitaine. Le père de Price savait monté comme personne. C'était un as de l'équitation, surtout en tant de guerre. Lui et ses montures avaient réalisé tant de choses. Price avait ce même lien, mais contrairement à son père, il l'avait gardé. Ou plutôt, il ne voulait pas l'oublier. En regardant dans l'écurie, il se disait que ça serait bien qu'un de ces chevaux puisse devenir un compagnon aussi fiable que ceux qu'il avait connu il y a des siècles.

-Euh...bah il y a quelque chevaux de propriétaire mais la plupart appartienne à l'école qui les prêtes au élèves. Tu pourrait demander à prendre une demi-pension sur un des chevaux. Je te verrais bien monter Rebelle.

Price retourna son attention sur la jeune femme.

- Rebelle...? répéta t-il.

La jeune fille lui fit signe de la suivre. Price obéit et arriva devant un box où se trouvait une grande jument à la magnifique robe noire. Quelle beauté. Digne d'un cheval de guerre. Il faudrait vraiment que Price chasse ce genre de pensée de son esprit. Il y avait plus de guerre à cheval dans le coin depuis longtemps !

-C'est une jument. Et comme son nom l'indique elle est du genre Rebelle. Tu pourrait peut être essayer voir si tu la gère ?

Price fixait la créature. Elle même le regardait. Elle paraissait méfiante et nerveuse. Et effectivement, rebelle. Mais Price avait déjà dompté bien pire. Rien ne pourra être pire que le cheval de feu que son père lui avait un jour ramené. Price regarda un instant la jeune fille puis hocha la tête. Avec assurance, il pénétra doucement dans le box de la sombre jument. Cette dernière souffla fort des naseaux. Les yeux de glace de Price plongèrent dans les profondeurs des iris de la jument. Le jeune homme tendit alors la main et la posa sur le chanfrein de l'animal. Ils restèrent tout deux immobiles durant un instant, puis, sans lâcher la bête des yeux, Price demanda à la jeune fille :

- Sais-tu où sont ses affaires ? Peux-tu les apporter ?

La jeune fille alla chercher sans broncher les affaires de la jument dont Price faisait connaissance. Price suivit les mouvements de Cherrie à l'écoute mais le reste de son attention était porté sur l'animal. Très vite, la jeune fille revint avec tout le nécessaire.

-Voilà. Si tu a besoin de quoi que ce soit je suis à côté. Je prépare mon cheval aussi.

Heureusement qu'il était tombé sur quelqu'un de sympa. Price pivota doucement la tête sur le côté, ne voyant Cherrie que du coin d'un oeil, la main toujours sur la tête du cheval. Il hésita un moment avant de lui répondre :

- Merci.

Lorsque la jeune fille s'éloigna, Price regarda à nouveau la bête face à face. Qui es-tu ? semblait-il lui demander par la pensée, comme si la jument était capable de télépathie. Quel est ton sang ? Quelle est ton âme ? Comme s'il analysait l'équidé, Price glissa sa main le long de son encolure, puis le garrot et le dos musclé de la jument. Voyons voir de quoi cette rebelle était capable. Price se recula d'elle et s'empara du tapis qu'il déposa sur son dos. Puis vint le tour de la selle. Lorsqu'il serra la sangle, la bête se rebiffa et pivota dangereusement la tête vers le jeune homme. Ce dernier lança un regard sévère à la créature qui calma ses ardeurs, le laissant fermer la sangle à son aise. Price attrapa ensuite le filet. Il le mit assez rapidement. Il était bien plus à l'aise avec un cheval au caractère difficile qu'avec un élève de son école ! Et voilà. La jument était prête. Alors que Price ouvrit le boxe pour sortir la bête qu'il menait par les rênes, Cherrie s'approcha de lui, suivit de sa monture.

-Prêt ? Tu veut que je te prête une bombe ? des bottes ?

- Inutile, répondit le jeune homme.

Nulle bombe, ni bottes, ni cravache, ni rien d'autres. Il avait encore en lui les souvenirs de ses aventures à cheval par tout les temps et toutes les situations. Il avait surtout hâte d'essayer cette monture. Renouer avec le passé...Un but à atteindre. Retrouver les sensations de sa vie antérieure, celles que pouvait éprouver un chevalier au galop, sur un noble destrier. Price mena l'animal à l'extérieur de l'écurie. A peine dehors, il mit pied à l'étrier. Une fois en selle, il sentit dès lors la résistance de la jument qui refusait apparemment d'obéir à ce parfait inconnu. Price ferma fermement les doigts sur les rênes et pressa les flancs de la bête avec assurance. Rebelle piaffa de mécontentement, bien décidée à faire sa forte tête. Price renouvela son geste, il y mit autant de force que de coeur à mettre l'animal à son service, dominer la créature, sa force colossale, comme il l'avait toujours fait avec les chevaux de son passé. La jument piaffa à nouveau, se cabra, souffla, faisait quelques pas obéissants avant de tenter des écarts que Price intercepta immédiatement. Il la remit dans un pas plus docile, il tenta le trot, elle n'opposa pas de résistance. Elle essaya un galop non désiré, il la rappela sans tarder. Cette jument se soumettra, il se l'était juré ! Finalement, le jeune homme reprit le pas. Puis il entama le tour de l'écurie au trot. Il revint au point de départ, n'ayant subit aucune résistance de la part de la bête. Il venait de gagner son respect et par conséquent, sa confiance.

-Tu viens avec moi dans la grande carrière de saut ? demanda la jeune fille qui était monté à son tour sur son cheval pommelé.

Price hocha la tête pour montrer son accord, puis suivit la demoiselle vers la carrière de saut. Il arrêta la jument néanmoins le temps de regarder faire la jeune fille qui s'échauffa un peu. Price était bien conscient qu'il y avait des règlements, notamment sur la tenue d'un cavalier, le port de la bombe et tout ça, mais il en avait cure. Après tout, lui aussi était un peu rebelle dans l'âme et les fois où il viendra ici pour monter cette magnifique jument, il prendra garde à être seul avant tout. Il n'allait pas prendre de cours, ce qu'il ne jugeait pas nécessaire, ni même à monter en présence de quelqu'un pour éviter les représailles sur sa façon de voir les règles. Monter à nouveau à cheval lui avait procurer une sensation qu'il avait cru oublié depuis des années. Mais il s'était bien vite rendu compte qu'il n'avait pas perdu la main. Il manquait cependant un petit quelque chose pour que cette sensation soit à son apogée. Alors que Cherrie avait ses propres difficulté avec son cheval de la mer, Price décida de lui fausser compagnie. C'était un peu cruel, il en avait bien conscience, mais qui sait comment pourrait réagir la jeune fille ? Il ne la connaissait pas encore assez bien pour le savoir. Price tira sur la rêne, fit pivoter sa monture et quitta la carrière. Une fois hors contrainte des barrières, il poussa la jument au triple galop à travers la forêt...

Voilà plusieurs bonnes minutes qu'il galopait à travers les arbres des bois. Le feuillage n'était pas aussi épais qu'en été. Le vent froid de l'hiver arrivait à fouetter son visage, mais cela ne le dérangeait pas. Voilà ce qu'il recherchait. Depuis longtemps perdue. Cette sensation de liberté. C'était la première fois depuis qu'il avait quitté les ténèbres qu'il pouvait enfin la sentir. Le bruit de la galopée sur la terre meuble, le vent gelé secouant ses cheveux, l'odeur de l'humus glacé sur le sol de la forêt, l'ombre des arbres sur sa personne...Il se revoyait jeune garçon parcourant le flanc des collines et les prairies sauvages. A tout moment il espérait voir un château apparaître derrière les derniers arbres des bois : son château, celui de son père. Mais c'était impossible. Il se doutait bien qu'il ne pouvait pas tout retrouver. Il devrait déjà s'estimer heureux de ce qu'il avait découvert aujourd'hui. Cette jument était vraiment rapide. Lorsqu'il se sentit assez loin de l'école, il freina l'allure jusqu'à l'arrêt et mit pied à terre. Il se mit alors à flatter l'encolure de l'animal, pavanant son regard bleu sur l'ossature des bois qui l'entourait.

Price laissa libre à la jument de brouter l'herbe qu'elle pouvait trouver aux alentours. Pendant ce temps là, le jeune homme s'assit au pied d'un gros chêne et contempla le ciel qui apparaissait sous les fissures du feuillage des arbres, provoquées par la perte des feuilles depuis le début de l'hiver. Price lâcha un soupire et profita de ce silence fort appréciable. Le vent froid de l'hiver ne lui faisait rien, pas même un frisson et le jeune homme, seul dans la forêt, se perdit rapidement dans de vagues souvenirs...

Lui, Price de la Combe-aux-Loups, était fils héritier du Seigneur Pitch de la Combe-aux-Loups et de Seraphina. Sa famille avait dominé le Comté de Bourgogne, qui se situait dans un pays du monde réel. Et ce, depuis des générations. Comme son père, Price avait toujours été destiné un jour à devenir le maître de ces terres. "Il est né sous une bonne étoile. Sa vie sera forgée dans la grandeur." Tels étaient les mots de sa mère. Si seulement elle avait su...Pitch avait toujours été pour Price le modèle à suivre, et à devenir. Il avait été un homme admiré de la noblesse, félicité de la royauté et craint par quiconque aurait envie de nuire au Comté, tout comme au pays entier. Il avait été de toute les batailles, de toutes les guerres, de toutes les campagnes. Price n'avait connu de lui que le Comte, le chevalier, l'homme d'arme, le maître et à présent, le croquemitaine. Jamais en tant que père. Lorsque Price était petit, il n'avait jamais pu comprendre une telle absence et ignorance de la famille de la famille venant de sa part. Price avait été élevé par sa mère et ses dames de compagnie. C'était pour apprendre les responsabilités d'un vrai seigneur qu'il avait été éduqué durement aux armes, à l'équitation, aux règles de la chevalerie, au port de l'écu, aux prières...Ah comme les prières étaient difficiles à apprendre ! Surtout sous les directives du Père Arembert. Il avait été un homme strict et droit qui ne laissait s'écouler aucune distraction. Il avait été implacable et avait voué son âme entière à lui faire entrer dans sa tête toutes les paroles à adresser à Dieu et celles qu'Il lui adressait. Il y avait bien longtemps pourtant que Price avait cesser de se tourner vers Dieu. Père Arembert lui avait également appris à lire et à écrire, de même qu'il lui enseigna les mathématiques, le latin, l'histoire du royaume, la gloire de leurs rois...

Un bruit sortit subitement Price de ses pensées. C'était un bruit de cheval au galop. Le jeune homme regarda Rebelle qui n'avait pas bougé de sa place. Mais alors...Qui ? C'est alors qu'un autre cheval débarqua de derrière les arbres. Il attira l'attention de Rebelle qui le salua d'un bref hennissement. Price détailla le nouveau venu du regard. Ne serait-ce pas la monture de Cherrie ? Mais où était Cherrie ? Price se remit debout et s'approcha de l'animal à la robe clair avant de lui flatter l'encolure.

- Il manque quelqu'un avec toi...lui dit-il.