Chippeur, arrête de chipper, t'es pas à Leader Price ! [price]

Il fit pivoter la page du livre. Ce fut les seuls bruits que l'on pouvait entendre en ces lieux : le son des pages qui se tournaient. Dès qu'un petit malin osait élevé un peu trop le volume sonore de part notamment ses cordes vocales, il se faisait aussitôt sévèrement réprimandé. C'était sans doute pour cela que Price appréciait se rendre dans ce genre d'endroit. Malgré sa fonction première, le jeune homme n'accordait pas à la bibliothèque l'antre des révisions et des études, mais plutôt comme un lieu de paix. Il savait qu'ici au moins, il n'avait pas d'obligation à côtoyer les autres, à les regarder, à les écouter, à les supporter. Ici, c'était le silence obligatoire et ceux qui s'installaient venaient en général pour travailler, pas engager les conversations. Aujourd'hui par contre était un jour où pas mal de monde semblait s'être fait passer le mot de venir étudier parmi les rayonnages. L'avantage justement de la bibliothèque était que peu ou énormément de monde, cela ne changeait rien à l'ambiance. Normalement.

En ces jours rafraîchis par l'approche de l'hiver, Price s'était affublé d'un haut à manche longue et qu'un long pantalon, le tout évidemment noir, ce qui était de loin sa couleur favorite. Ses fidèles bottines aux semelles épaisses étaient également présente, ainsi que sa veste de cuir. Lui arrivait-il de porter d'autres couleurs ? Rarement, mais ce n'était pas impossible pour autant. Il pouvait varier parfois ses tenues avec du gris ou du bleu foncé, encore plus rarement du rouge sang. En règle général, le noir restait très dominant et faisait ressortir son teint blême et ses yeux d'azur.

Price se tenait dans un recoin de la pièce rempli de livre, à proximité d'un rayonnage sur les livres historiques. Debout, sans s'appuyer ni contre le mur, ni contre les étagères, il parcourait des yeux un livre sur le moyen-âge. Etait-ce un thème à réviser en vue des examens ? Absolument pas. Le regard attentif, les sourcils légèrement froncés, c'était comme s'il cherchait à renouer avec le passé, alors qu'au fond de lui, il désirait tirait un trait dessus. C'était bien pour cela qu'il avait intégré cette école non ? Quelques revues faisaient référence au seigneur Pitch, son père, sans pour autant parvenir à faire le lien avec le légendaire croquemitaine. C'était comme s'il s'agissait de deux personnes différentes. Quand on y réfléchissait en profondeur...C'était pas loin d'être le cas...

Price, concentré sur sa lecture, ne fit pas attention à la silhouette qui s'approchait de lui. Ce ne fut que lorsqu'on lui prit sa chevalière, que son attention fut aussitôt détourné de l'ouvrage. L'objet convoité avait été trop à porté de vue, et de sensation, pour que son sort passe inaperçu aux yeux du jeune homme. Mais il ne s'était pas attendu à un tel larcin et surtout pas ici. Price pivota aussitôt sur lui même, tournant son visage décontenancé vers un autre, au teint foncé, aux yeux bridés et malicieux, au sourire illuminant un visage satisfait. Il ne savait pas de qui il s'agissait et s'en moquait éperdument pour le moment. Son regard s'abaissa vers la bague que cet étranger avait osé passer à son doigt. L'héritage de son père ! Enfin...L'héritage du père d'autrefois en tout cas, celle de la famille noble à laquelle Price faisait partie jadis.

- Rends-moi ça, lança alors le jeune homme en lançant un regard noir sur l'autre garçon.

Il n'avait pas élevé de trop la voix, car il savait qu'il valait mieux éviter ici. Néanmoins, il l'avait prononcé avec une telle froideur que sa voix elle-même semblait capable de meurtre. Price referma le livre qu'il tenait et le posa sur un rayonnage à côté sans lui attribuer le moindre regard. Car ses iris bleus fusillait l'autre étudiant. Ce sourire devant ce qu'il venait de faire...Quel affront ! D'une main, Price saisit soudainement le col de l'inconnu, faisant bomber ses biceps sous sa veste, et le tira vers lui, derrière une étagère à l'abri des regards du moindre surveillant. Price plaqua aussitôt l'étranger contre le mur, toujours avec la force d'un seul bras.

- Je ne le répéterais pas une deuxième fois, menaça-t-il, ce que tu m'as dérobé là est un héritage familial et n'espère pas que je vais te laisser t'en emparer sans réagir !

L'autre garçon se mit à rire, faisant son fier devant Price qui ne le lâchait pas du regard. Sans qu'il avait déjà dû le voir dans l'école à plusieurs reprises, mais comme il ne faisait jamais vraiment attention à ce qui l'entourait, il ne se posa pas plus de question. C'était à peine s'il saurait reconnaître un élève de sa propre classe.

"Quoi? Tu parle de ça?" répondit l'autre garçon en présentant la chevalière qui scintillait devant les yeux de Price qui la fixa avec une attention certaine, le visage légèrement crispé, Non. Jamais je ne te la rendrais. D'ailleurs, elle est à moi maintenant! Bon, j'ai pas que ça à faire, j'ai pas le temps de causer, j'ai un livre à emprunter, ma petite amie à aller voir et un match de tournoi. Alors à plus mec!".

Comment osait-il ? Jamais cette bague ne sera à un autre qu'à Price ! C'était la chevalière de la famille de seigneur qui régnait jadis sur la contrée de la Combe-aux-Loups. Le simple fait que celui là la porte en ce moment même souillait le sceau noble qu'elle représentait. C'était plus qu'un simple héritage. Elle faisait partie des rares choses qui reliaient encore Price à sa vie d'autrefois. Le garçon voulu s'en aller mais il était hors de question qu'il parte ainsi. Qu'il parte avec cette bague. Price fronça les sourcils, il empoigna son voleur avec force et l'entraîna à l'abri des regards. Il maintenait parfaitement sa prise, au cas où l'autre tentait de se défendre. Son regard bleu pâle mitraillait les iris sombres de l'inconnu avec mépris. Il n'avait même pas fait attention à la plainte lancé par le jeune homme au sujet de sa veste.

"De quoi tu parle? Je n'ai rien volé du tout, insista l'étranger.

Il le prenait pour un abruti ou quoi ?

Tu sais de qui je suis le fils pour me traiter de la sorte?

- J'en ai absolument rien à faire, répliqua Price, manquant de patience.

Et est-ce que tu sais que...Je n'ai pas du tout peur de toi! En plus, je suis le meilleur athlète de l'équipe du tournoi! Alors pousse toi, j'ai ma petite amie à aller voir!"

Mais Price ne défaisait pas son étreinte pour autant. Il n'était pas prêt de lâcher l'affaire. Il tenait à cette chevalière comme à la prunelle de ses yeux. Comment pouvait-il avoir été naïf de penser qu'il passerait une scolarité peinarde ici, dans une école qui mêlait toutes sortes de personnalités bien et mal ? Il ne craignait pas plus l'énergumène qu'il avait en face de lui. Ce dernier se vantait d'être le meilleur athlète de l'équipe du tournoi, mais Price connaissait également sa propre force physique et n'avait jamais participé à la moindre rencontre sportive pour savoir s'il était fort ou non. Cogner sur les autres pour régler ce genre d'affaire était amplement suffisant pour savoir de quoi ses biscottos étaient capable. Pendant un moment d'immobilisation, Price scrutait le jeune homme du regard et étira alors un léger sourire malsain.

- Tu n'iras nulle part...marmonna-t-il par la suite.

L'ombre du coin de la bibliothèque proche duquel il avait entraîné le bridé prit de l'ampleur, s'assombrissant d'avantage. Petit à petit, cette ombre fini par glisser sur les deux garçons face à face, elle s'obscurcit encore plus, les engloutissant dans sa noirceur...Et puis soudain, elle disparue. Mais les deux adolescents avaient disparus, eux aussi...

Il faisait noir. Le sol, le plafond, l'espace autour d'eux...Tout était noir, sans moindre lueur, moindre objet autour. Aucune limite de l'espace et du temps, rien que du noir. Du noir et Price, et l'autre étudiant. Price avait lâché le col du jeune homme mais continuait de fixer ce dernier. Il y eut un silence pesant, oppressant même. C'était un silence inouïe, impossible à connaître à l'extérieur. Price resta un moment immobile face au garçon, puis, soudain sans prévenir, lui enfourcha un coup de poing dans le ventre. Il resta néanmoins d'un calme contrôlé, mais avait toujours ce regard de mépris.

- Tu vas me rendre cette chevalière, fit-il ensuite d'un ton assuré.

"Je suis le fils de Jafar. Mon nom est...JAY."

Price détailla donc ce fameux Jay du regard. Jafar était un méchant relativement connu pour que Price eut droit d'en entendre le nom au moins une fois dans sa vie. Mais ce n'était pas ce qui allait l'intimider malgré tout. Jay. En tout cas ce nom là allait lui rester en mémoire pendant un bon bout de temps et pas en bien. Après tout, cela ne pouvait être qu'un fils de méchant pour agir ainsi. Le vol n'était pas un délit très important, selon Price, sauf lorsque cela concernait des choses auquel il tenait absolument. Généralement, des choses uniques en leur genre.

"Sinon quoi?" lança l'insolent lorsque Price lui annonça qu'il ne risquait pas d'assister à ses rendez-vous si important.

Il n'y avait donc plus qu'une chose à faire. Price étira les ombres autour de lui, qui finirent par enveloppé lui et l'autre garçon, jusqu'à les conduire tout deux dans un endroit abyssal, ou il n'y avait que du noir autour d'eux. Une sorte de dimension obscure que Price tenait entre ses mains. A nouveau, Price exigea qu'il lui rende son bien, mais le dénommé Jay était têtu.

"JAMAIS!".

C'était pour ainsi dire le mot de trop. Price ne pu retenir un coup de poing qu'il envoya dans la panse de son adversaire. Ce dernier se jeta aussitôt après sur lui avant de lui asséné un coup au visage. Sous le choc, Price fut repoussé et manqua même de peu de tomber, mais reprit vite l'équilibre. Il se passa une main sur le menton, aucune trace de sang mais cela faisait bien mal quand même ! Comme son père, Price n'était pas un adepte de la violence physique. Il préférait agir sur la psychologie des autres, non pas sur leur corps. Il était vrai que Price avait pourtant de beaux abdos, mais s'il les conservait si bien c'était surtout pour pouvoir se défendre en cas de nécessité et rarement pour attaquer les gens de son plein gré. Il se recula d'un pas de Jay, au cas où ce dernier retenterait un coup.

- Tu préfère que je te laisse enfermé ici pour toujours ? lança alors le jeune homme.

Jay regarda avec un petit sourire le brun se toucher la mâchoire. À l'évidence il lui avait donné un bon coup! 

Soudain le brun recula et parrut grandir. Il y avait tellement de noirceur et de silence que Jay ecarquilla ses yeux. Sous la menace, il prit peur et implora l'inconnu:"Je t'en supplie ne fais pas ça !". 

Pauvre Jay! Il voulait vivre, devenir entraineur de tournoi, decouvrir le monde, se marier avec la file d'Aladdin et avoir des enfants. 

"Je t'en supplie ne fais pas ça !" lança soudain le dénommé Jay, désespéré et apeuré.

- Alors rends-moi ma bague ! s'exclama furieusement Price.

Ce petit jeu ne l'avait jamais amusé et il n'allait pas laisser tomber avant d'avoir récupéré son bien. La peur qu'il pu lire sur le visage du fils de Jafar aurait presque pu lui faire plaisir mais s'il avait agit ainsi, ce n'était pas par plaisir, simplement pour faire flancher le bridé et reprendre sa bague. Il ne pouvait pas la récupéré par la force, alors il devait employer d'autres moyens.

- Je commence à perdre patience, ajouta le jeune homme, alors maintenant rends-moi ce qui m'appartient où je disparais en te laissant seul dans l'obscurité pour l'éternité !

Et il n'avait pas peur de mettre sa menace à exécution. Après tout, personne ici ne pourrait retrouver Jay si un jour on se mettait à le chercher. Seul Price et son père avait accès à ce...cet endroit étrange et coupé de l'espace-temps. Et bien évidemment, personne ne pourrait soupçonner Price d'avoir un lien quelconque avec la disparition subite de Jay.

"Tu n'oserais pas faire ça? ..."

- Je me nomme Price, répondit aussitôt le jeune homme, je suis le fils de Pitch Black, le croquemitaine, alors dire que je n'oserais pas faire ça, c'est bien mal me connaître.

Comme ça au moins, les présentations étaient faites. Price n'avait pas pour habitude de se vanter de ses origines familiales. Il ne les appréciait pas plus que ça. Enfin, il ne les aimait plus en tout cas. L'homme qui jadis fut son père n'était plus que l'ombre de lui même. Cela dit, le nom de Pitch avait construit une légende et pas dans le bon sens du terme. C'était pour cela qu'il était plus utile de s'en servir comme menace que pour autre chose. Après tout, Jay avait fait pareil lorsqu'il s'était présenté. Le fils de Jafar. Manque de chance, Price ne connaissait pas bien les personnalités du coin. Il connaissait Jafar que de nom. Voyons...Un vizir qui avait tenté d'être sultan...C'était un peu près tout ce qu'il savait. Pour quelqu'un tout droit sortir des ténèbres, sans contact extérieur depuis des années, c'était déjà pas mal.

"Si je te la rend, tu me promets de ne pas me laisser ici?".

La première réponse que Price voulu lui donner fut "oui bien sûr". Mais curieusement, rien ne sortit de sa bouche. L'hésitation se fit sentir en lui. Après tout, devait-il vraiment tenir sa parole ? Jay n'avait rien fait pour que cela n'arrive. Il fallait bien le punir non ? Un bon séjour dans les ténèbres, voilà qui devrait le faire réfléchir à deux fois avant de s'en prendre à lui...Price maintenait le silence face à la question de Jay. Il baissa légèrement le regard, un peu confus dans ses pensées. Il se disait que s'il agissait ainsi, il ne vaudrait pas mieux que son père. Peut-être même que s'il agissait ainsi, ce serait le début de la folie pour lui aussi ? Non ! Il ne voulait pas finir comme Pitch ! Jamais il ne voulait se retrouver enfermer dans le monde souterrain comme une pauvre âme en peine. Il avait eut tellement de mal à en sortir...Finalement, Price reporta son attention sur le jeune homme qui se tenait devant lui.

- Pourtant il y a que ça que tu mérites...lança t-il froidement, tu me voles un bien précieux, tu te joues de moi, tu te permets même de me cogner...Tu ne mérites que de rester piéger ici pour toujours.

Il se tut un moment, puis lâcha un petit soupire avant de reprendre :

- Mais si tu me rends mon bien, je consentirais à passer l'éponge...Pour cette fois.

Price tendit sa main vers Jay, dans l'espoir de revoir dans sa paume sa chevalière bien aimée. Il ne lâchait toujours pas Jay de son regard bleu de glace.

"T'es sérieux?"

Bah...Pourquoi il ne serait pas sérieux ? Avait-il l'air de plaisanter ? Price n'était pas le genre de gars qui plaisantait justement. Il ne répondit pas à cela, ne pas répondre était aussi une façon de répondre. En quelque sorte.

"Pourquoi on t'a appelé PRIX?".

Une fois encore, Price se contenta de fixer sans ciller l'individu qui se trouvait devant lui. Etait-ce vraiment le bon moment pour plaisanter ? Jay n'était pas dans la meilleure des situations, et pourtant, il se permettait encore des commentaires de ce genre. Mais sur qui Price était-il donc tombé ? Il était temps qu'il finisse par s'inquiéter de son sort. Sans doute avait-il mit du temps à comprendre qu'il se trouvait dans un pétrin à ne pas négliger. Ce gars semblait être du genre à savoir se sortir des pires situations, mais pour ce coup ci, il n'avait aucun joker pour échapper à Price. Aucun, à part faire ce qu'il demande.

"Je te demande pardon...Je ne recommencerais plus, je te le promets. Je t'en prie ne me laisse pas ici!"

Ces excuses semblaient sincères...Au moins il les avait faite. Et Price humait toujours avec satisfaction l'odeur de la peur qui le hantait. Ce garçon avait apparemment compris la leçon. Price devrait pouvoir lui faire confiance. Enfin, un peu, et il l'espérait. De toute manière, Jay savait désormais à quoi s'attendre. On ne joue pas avec l'enfant d'un maître des ombres et des cauchemars. Jay remercia également Price lorsque celui ci annonça qu'il avait décidé de passer l'éponge. C'était une autre façon de lui dire que la prochaine fois qu'il recommençait, il aura moins de tolérance. Il se déroula un long silence durant lequel personne ne bougea. Jay paraissait réfléchir à quoi faire, Price patientait. Au bout d'un moment, Jay se décida malgré tout à retirer la bague et la rendit à son propriétaire. Price referma les doigts dessus, ramena sa main vers lui et l'ouvrit, apercevant enfin cette chevalière si précieuse. Le jeune homme la remit à son doigt et la contempla un moment. Elle avait regagner sa juste place. Price reposa son regard sur le fils de Jafar.

"J'ai tenu parole. J'espère que tu tiendra la tienne." fit ce dernier.

- Une parole est une parole, répondit Price.

Et soudain, le noir se dissipa d'un coup et tous deux étaient de retour dans le coin de la bibliothèque, à l'endroit exact où ils se trouvaient juste avant de disparaître.

Voilà. Les choses étaient rentrées dans l'ordre. Enfin, Price espérait que ça allait durer. Il avait ramené le jeune voleur dans la bibliothèque, comme convenu. Ce dernier le remercia avant de partir après d'autres excuses. Il allait s'installer à une table comme si rien ne s'était passé. Mais Price n'était pas prêt d'oublier ce qu'il avait fait. Le fils de Jafar avait intérêt à retenir la leçon. On s'en prenait pas au fils de Pitch sans en subir les conséquences. Price n'avait peut-être pas de puissants pouvoirs capables d'écrabouiller n'importe quoi ou de réduire en cendres toute chose, mais il avait le pouvoir de faire disparaître un corps et ça, c'était relativement fourbe et dangereux. Le jeune homme observa sa chevalière à nouveau à son doigt. Ce souvenir de famille était si précieux à ses yeux...Personne ne devait y toucher ! Il jeta un dernier regard à Jay, puis quitta les lieux.