Tu peux mentir à qui tu veux. Tu souris trop pour être heureux. (eva - flashback)

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L'après-midi touchait à sa fin. Les rues grouillaient de gamins qui ne savaient pas quoi faire de leurs journées, dont les parents ne savaient pas quoi faire non plus. Ils les laissait donc courir les avenues immondes de la capitale de l'île de l'Oubli, les félicitant des petits méfaits qu'ils pouvaient accomplir. Ici le pire qu'il pouvait arriver était généralement de se faire voler son quatre heure ou de se blesser et que ça ne s'infecte. Les conditions de vie étaient inacceptables et les risques d'attraper le tétanos courraient un peu partout. Personne sur l'île de semblait réellement formé en médecine et le petit Roi d'Auradon ne semblait pas prêt d'envoyer qui que ce soit de compétant par ici.
Petite, Herika était persuadée qu'avec un peu de bonne volonté, de jolies lettres et de beaux dessins les souverains du Royaume qui faisait face à l'île prendraient en compte ses requêtes. Mais elle était loin de ses peines. Peut être que ses lettres joliment calligraphiées ne leur étaient jamais parvenues, peut être que les déboires d'une fillette de huit ans et demi ne les intéressaient pas. Ils devaient certainement être très occupés à régner sur leur Royaume.
En grandissant Herika avait vite perdu sa candeur et sa naïveté pour s'endurcir, sous les conseils précieux de son père. Pleurer sur son sort ne lui servirait à rien. Si elle voulait quelque chose, elle devait se le procurer elle-même par la force de ses petites mains.
Peu d'enfants de son âge étaient prêt à écouter ses sermons qui n'en terminaient plus. Herika aurait certainement pu écrire une encyclopédie à propos de ce qui ne convenait pas dans la façon de gouverner du roi et de la reine d'Auradon (du peu qu'elle en savait et de ce qui la concernait elle et l'île). Sans surprise aucune, l'adolescente n'avait pas énormément d'amis de son âge. Les gens ne l'approchaient pas trop, son père n'était pas considéré comme un "méchant" respectable (ou méchant tout court de ce qu'il en était), son sois-disant oncle courait les filles plutôt que les salles de réunions dont le thème était "attentat à la vie des souverains qui ont la belle vie" et elle-même était particulièrement barbante dans ses monologues sur la justice. On préférait lui faire les poches plutôt que de passer une après-midi avec elle. Et pourtant elle avait réussit à se dénicher une camarade. Une demoiselle qui vivait à l'écart des habitants de l'île de l'oubli, qui partageait ses opinions politique et qui pouvait aligner plus de trois mots de vocabulaires. Une perle rare.

Eva et Herika n'étaient pas devenues tout de suite de bonnes amies. Elles avaient tout d'abord apprit à se tolérer et à se lancer de grands sourires faux cul, sachant pertinemment qu'elles ne se parlaient que par dépit (c'était ça ou un mur). Et au fur et à mesure elles avaient réussit à se créer un semblant d'amitié. Le père d'Herika s'était habité à la présence d'Eva chez lui. Il la considérait comme sa seconde fille, tentant de l'éduquer comme il le pouvait (et Herika tentait de se débarrasser de sa présence bien trop étouffante à son goût comme elle le pouvait).

C'était donc tout naturellement que la porte des Westergaard s'était trouvée grande ouverte lorsque Eva avait débarqué comme une furie en cette fin d'après-midi qu'on pouvait jugé de paisible dans un environnement tel que l'île de l'Oubli. Herika avait abandonné son violon pour rejoindre Eva sur le lit et avait commencé à coiffer ses cheveux tout en l'écoutant parler. C'était presque devenu un rituel.

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Tu peux mentir à qui tu veux. Tu souris trop pour être heureux.

Avec Herika Westergaard

« Elle est folle ! Elle est définitivement folle ! S’écria la fille tout en entrant en trombe dans la maison des Westergaard. Je la hais ! »

Ce genre de situation était presque devenu régulier ici, Eva fuyait la démence de sa mère et venait se réfugier chez celle qu’elle considérait comme sa meilleure, et seule amie. Cette maison représentait une halte de paix dans la vie tourmentée de la jeune fille. La première fois, c’était au beau milieu de la nuit que la jeune blonde avait sonné à la porte, trempée par la pluie qui battait dehors, sans manteau et en pleurs. Hans, le père d’Herika, lui avait ouvert la porte et avait découvert une enfant traumatisée, en colère et à bout. Depuis elle était devenue un invité de prestige dans cette famille qui l’avait presque adoptée. Ils étaient tous d’une extrême bonté mais surtout d’un charme et d’une intelligence qui se faisaient rare sur cette île. Eva ne comprenait définitivement pas comment un homme comme lui avait pu se retrouver parmi ce zoo de dégénérés.

Alors en cet après-midi ordinaire, Eva avait couru à l’étage pour se jeter sur le lit de son amie. Elle bouillait de rage tandis qu’Herika, dans un calme qui lui était bien familier, s’installa à ses côtés et prit des mèches de cheveux de la jeune fille pour commencer à les coiffer. Son toucher si doux était ce qui permettait à Eva de s’apaiser si rapidement. Elle aimait tant ses cheveux, elle en prenait grand soin, ils étaient sa seule et unique fierté. Mais sa mère ne les voyait pas du même œil. En plus de mépriser sa propre progéniture, elle abhorrait cette chevelure blonde et soyeuse qui ne lui rappelait que trop bien la princesse de Corona.

« Je n’arrive pas à y croire : on mangeait tranquillement, et quand je lui ai demandé de me passer le sel elle s’est mise à hurler, et elle a sauté sur la table, je te jure ! Elle mimait de ses mains la situation. Elle criait qu’elle voulait me raser la tête et m’enfermer pour que personne ne me voie jamais. Elle m’a même poussé par terre ! »

Et Eva avait les hématomes pour le prouver. Se faire violenter par sa mère faisait parti de son quotidien, et si souvent elle encaissait sans broncher, en elle quelque chose grandissait, une haine et une rancœur qui ne pouvaient présager rien de bon. Combien de fois avait elle été le réceptacle de la colère et la déception de cette odieuse femme ? Tant qu’elle serait sur cette maudite île, elle continuerait à subir et à s’enfuir le plus loin possible. Elle se jurait tout bas qu’elle trouverait un moyen, n’importe lequel, et qu’elle quitterait cet endroit.

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Herika s'arrêta un instant de tripoter les cheveux de son amie alors que celle-ci s'agitait, bouillonnant de colère envers la fine plaisanterie qui lui servait de mère. S'il y avait bien une chose dont la petite rouquine pouvait être fière et heureuse, c'était d'avoir eut des parents tels que les siens. La plupart des enfants peuplant cette île tournaient mal simplement car l'environnement dans lequel ils étaient contraint d'évoluer ne leur permettait pas d'autre échappatoire que la violence et la cruauté envers autrui. Herika avait toujours trouvé complètement injuste d'avoir vu le jour sur cette île de malheur, alors qu'elle aurait du être une princesse aimée et choyée dans un Royaume de rêve. Elle laissa échapper un petit soupir. Elle se serait très bien imaginée princesse du royaume d'Arendelle, à danser avec un beau jeune homme au beau milieu d'un bal sous l'oeil attentif de ses parents (sauf qu'elle luttait pour ne pas imaginer cette stupide petite truie d'Anna comme mère). Sa vie aurait été bien différente. Mais jamais elle n'aurait fait la rencontre d'Eva.
Herika termina de tresser la chevelure de la demoiselle, sortit quelques épingles à cheveux de ses poches et entreprit de faire une couronne de la tresse faite un peu plus tôt. Celle-ci tenait parfaitement. De toute manière les cheveux d'Eva étaient parfait. Herika s'en était bien vite rendu compte et Eva était devenue la tête à coiffer de la demoiselle.

-Cette femme est une folle. Herika attrapa délicatement le bras d'Eva, remontant ses manches pour voir l'étendu des dégats. Pourquoi est-ce que tu ne l'abandonnerai pas ? Elle en creverait au bout de quelques jours et ça ne serait pas plus mal.

Herika se leva, jetant un coup d’œil autour de la pièce avec une petite moue. Oui, elle voyait très bien le lit d'Eva juste en face du sien. Ensuite il faudrait réaménager un peu pour qu'elle puisse avoir son bureau (hors de question qu'Herika partage le sien). Et la rouquine était prête à lui concéder une partie de sa garde robe et déplacer certains de ses vêtements au grenier. La redécoration de la chambre dans sa tête terminée, elle se dirigea vers une commode pour attraper une boîte contenant tout le nécessaire à premiers soins ainsi qu'un infuseur à thé et une boîte de thé pomme cannelle. Herika n'était pas sûr de comment son père se procurait ce genre de denrée rare sur l'île, mais elle n'allait certainement pas s'en plaindre.

-Je reviens dans une minute, ne touche à rien.

Peu lui importait si Eva touchait à ses affaires ou non. Elle savait qu'elle ne lui volerait rien. Mais c'était devenue une habitude, presque une plaisanterie un peu idiote et inutile entre elle. Depuis qu'elles se connaissaient Herika lui avait mille fois répéter de "ne toucher à rien" lorsqu'elle s'absentait et la laissait seule que ce soit quelques secondes ou minutes. Petit tic de langage dont elle n'avait pas réussit à se débarrasser.
Et une poignée de minute plus tard, Herika revenait avec deux tasses d'eau chaudes. Bientôt le thé infusait tranquillement dedans et elle appliquait doucement de la pommade sur les bleus d'Eva.

-Tu pourrais tout laisser et venir vivre avec nous. Père n'y verrait aucun inconvéniant, au contraire. Il serait ravi, j'en suis certaine. Il t'apprécie beaucoup.

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Tu peux mentir à qui tu veux. Tu souris trop pour être heureux.

Avec Herika Westergaard

S’enfuir, abandonner la monstrueuse Gothel derrière, ô combien elle en rêvait… Tout les soirs, quand elle gagnait son lit elle se cachait sous sa maigre couette et mettait au point des plans les plus ingénieux et subtils, qui lui permettraient de partir une fois pour toute et de ne jamais regarder en arrière. Mais chaque matin, la lumière du soleil filtrait entre les briques des murs de sa petite chambre, et en venant lui caresser le visage ils emportaient avec eux tout les espoirs de la veille. Elle avait bien trop peur de sa mère en vérité, et même si cette dernière la haïssait au plus haut point, elle craignait qu’elle ne se mette à sa recherche. Si elle devait fuir, c’était pour être libre, pas pour être forcée à se cacher jusqu’à la fin de ses jours.

Quand Herika quitta la pièce un instant, Eva se tourna, toujours assise sur le lit de son amie, et fit face au miroir qui jonchait la coiffeuse à l’autre bout de la pièce. Même sa colère ne l’empêcha pas de lâcher un léger sourire à la vue de sa coiffure tout justement exécutée. S’il y avait bien une personne qui aimait autant ses cheveux, c’était Herika : elle avait ce don de créer les coiffures les plus fantastiques sans jamais trop d’effort. Tout ce que semblait faire la jeune rousse paraissait sans effort. Eva l’enviait en tellement de points, elle aussi voulait se sentir aussi parfaite. En attendant son amie elle s’allongea en douceur pour ne pas abîmer son ouvrage et fixa le plafond. Ce qu’elle aimait le plus quand elle venait ici –outre la compagnie de sa meilleure amie- c’était le silence qui n’était ni oppressant, ni inquiétant. Chez elle, quand elle n’entendait rien, cela annonçait un mauvais présage. Alors que chez les Westergaard, l’absence de bruits était apaisante. Et il y sentait si bon, on oubliait presque que l’on se trouvait sur une Île qui était telle un tas de moisissures en putréfaction.

Herika réapparut, tasses en main. Eva en prit une tandis que son autre bras endolori se faisait soigner par son amie. Avant de la rencontrer, elle avait dû apprendre à penser ses blessures seules, et avec le peu de ressources dont elle disposait elle avait dû souffrir nombres de maladies et d’infections. Hans lui même lui avait apporté les soins nécessaires quand cela s'était avéré nécessaire. Eva adorait l'homme, il était digne des rois les plus respectés et même dans ce taudis pleins de rats il avait su donner une vie et une éducation sans reproches à sa fille, et s'entourer de toute les nécessitées. L'idée de vivre auprès de la famille l'enchantait tant.

"Ce serait parfait! Je ne devrais plus supporter les crises de l'autre psychopathe, et j'aurai un lit qui ne sent pas le moisi et le vomi. Elle afficha une mine de dégoût. Et la nourriture, la nourriture! Enfin des vrais repas!"

La bonne nourriture était ici une denrée rare, et les repas chauds se trouvaient être des luxes pour les plus démunis. Il n'y avait surtout pas de sucreries, de douceur pour faire passer le goût amer des ragoûts et bouillons aux ingrédients non identifiés. Et à qui la faute? Après avoir pris une gorgée de la concoction tout juste préparée -et avoir savouré le breuvage et sa douceur-, Eva se leva et fit face à la fenêtre de la chambre. Elle était légèrement ouverte et les rideaux étaient tirés de façons à ce que la vue sur le Royaume d'Auradon soit imprenable. Maudits soit-ils tous, ceux qui se complaisent dans leur fortune. Eva les détestait plus que tout.

"Pourquoi auraient-ils droit à tout les privilèges pendant qu'ici on doit se battre pour obtenir ne serait-ce que du pain qui n'est pas rance? Elle pointa du doigt l'imposant château de la Belle et la Bête qui se dessinait au loin. Un jour, ce sera notre tour, et ils seront tous obligés de se plier à nos désirs."

Elle aimait faire dans les discours dramatiques et les grands gestes, c'était sa spécialité. Mais être calme et passif ne changerait jamais rien à leur situation, et elle savait qu'Herika la suivrait quoi qu'il arrive, qu'elle n'aurait pas besoin de se faire convaincre pour aller prendre leur revanche sur les Royaumes d'Arendelle et de Corona, et tout les autres qui bénéficiaient de leur misère.

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