I am the best there ever was! [Lucie] [Terminé]

Peter Pan ne daigna pas jeter un coup d'oeil à la porte. Pourquoi est-ce qu'elle parlait de porte ? On s'en fichait comme de la première jambe en bois du premier pirate, de ça. Et la porte resta ouverte. Quelle idée tout de même d'avoir des portes aussi grandes. Au Pays de Nulle Part Peter avait préféré faire des trous et des tunnels dans les arbres pour permettre à lui et aux garçons de glisser sous terre. C'était une idée astucieuse ou chaque garçon avait un trou d'arbre à sa taille. Et en plus ils avaient tendance à perdre rapidement du poids (Peter ignorait bien pourquoi d'ailleurs). Mais les portes …

-Je ne ferme pas toujours les fenêtres non plus.

La réponse était digne d'un jeune enfant et ça tombait bien, Peter se sentait l'âme d'un gosse. Il était vexé qu'elle aborde le sujet des fenêtres. Ça ressemblait plus à une anecdote qui la faisait rire et pour l'instant ses soucis à voler correctement lui tenait beaucoup à cœur et lui manquait terriblement. Oh il savait qu'il y parviendrait de nouveau et très vite. Mais il voulait avoir la possibilité de voler maintenant et tout de suite. Peter savait qu'il n'avait pas oublié. Il fallait juste qu'il mette le doigt sur ce qui n'allait pas. Mais réfléchir n'était pas son fort. Peter ne réfléchissait pas, était-il seulement capable de penser ?

Peter resta debout mais détendit un peu ses épaules, reprenant son souffle. Il haussa un sourcil, la regardant en silence, une moue vexée. Elle se moquait de lui. Depuis qu'il était arrivé on lui avait déjà fait remarquer que s'il voulait une histoire la bibliothèque était toute à lui, mais Peter Pan ne savait pas lire. Beaucoup l'avait remarqué et l'Enfant Roi était persuadé que quelques uns avaient rit sous cape. Et alors ? C'était bien plus agréable d'écouter quelqu'un de toute façon, plutôt que de perdre son temps le nez penché sur un bouquin. Lire, quelle idée ? Ça ne lui avait jamais été utile au Pays Imaginaire. On avait jamais entendu parler de quelqu'un dont la vie avait été sauvé parce qu'il savait lire. Quelle drôle d'idée.

-Un dé à coudre ?

Peter répéta doucement le mot si familier à ses oreilles. Le visage de Wendy se dessina rapidement dans son esprit mais il ne réussit pas à mettre un doigt sur son prénom. Oh, il savait qu'ils avaient vécut de belles aventures ensemble, c'était une belle pensée que celle-ci. En tout cas un dé à coudre, il savait ce que c'était. Et il faillit accepter avant de se rappeler qu'il était Peter Pan et elle une simple fillette (aussi intrigante pouvait-elle être). Peter se détendit brusquement, lâchant la pression dans ses épaules. L'image de Wendy s'efface aussitôt de sa mémoire.

-Je suis persuadé que n'importe quelle fille me racontera une histoire sans rien me demander en échange.

Il sourit de toutes ses dents avant de faire quelques pas nonchalants vers la porte. Les filles n'étaient pas difficiles à manipuler, s'il y avait bien une chose dont il était certain c'est qu'il lui suffisait de trois fois rien pour arriver à ses fins avec elles. Peter se mit à rire. Lui faire de chantage, à lui ? Non, hors de question. Les Jumeaux avaient assurés qu'elle racontait de belles histoires. Oh, Peter en aurait vite le coeur net, il n'en doutait pas.

Peter s'attendait à ce que la demoiselle change tout de suite d'avis, se ravise et l'invite à s'assoir pour écouter son histoire. Après tout c'était comme ça que marchait les filles, du peu de filles que Peter avait côtoyé. Il ne s'attendait certainement pas à ce que la petite blonde ait assez de culot pour lui sauter dessus. Le garçon eut un mouvement de recul et ne s'attendait pas non plus à ce que la porte soit aussi proche. La poignée lui rentra dans le dos mais il avait trop de fierté pour émettre un quelconque cri de douleur. Il avait déjà connu pire, le doute n'était même pas permis sur ce sujet. Et la jeune fille s'en alla aussi vite qu'elle était venu, laissant Peter complètement perdu. Il n'avait rien comprit de ce qui venait de se passer et le dé à coudre était depuis belle lurette sortit de son esprit. Ce qu'il savait c'est que son dos lui faisait terriblement mal et qu'il ne s'était absolument pas attendu à un contact physique aussi inopiné. Jamais on ne l'avait touché aussi spontanément sans attendre son autorisation (sauf une fois, un de ces Garçon Perdu l'avait violemment poussé hors de la trajectoire d'une flèche d'indien, Peter l'avait lourdement réprimandé pour cet affront d'ailleurs).
Sans même qu'il s'en rende compte des larmes se mirent à couler sur les joues de Peter qui se mit à renifler et hoqueter doucement. Le leader, chef des troupes des Garçons Perdus était redevenu un enfant chétif , d'une fragilité qui ne prend effet que chez les enfants et les adultes mal grandis. Peter ne tolère pas les contrariétés, les choses ne s'étaient pas déroulées comme il le souhaitait. Pourtant il n'arrivait pas à se mettre en colère contre la jeune fille. Il était trop bouleversé. L'empereur despotique redevenait un chérubin perdu.
Mais la voix de la fillette qui l'avait plongé dans cet état déplorable l'en fit sortir tout aussi rapidement. Les mots qu'elle récitait lui firent oublier sa peine et la douleur dans son dos. Bientôt ce ne fut qu'un souvenir. Il n'était pas seul dans la pièce. Peter essuya les dernières larmes sur ses joues d'un revers de manche avant d'aller tirer la chaise du bureau le plus proche pour s'assoir en tailleur dessus. Au fur et à mesure qu'elle lisait, Peter se remémora Wendy. Wendy bird, la mère des Garçons Perdus. Un grand sourire se dessina sur ses lèvres. L'envie de corriger le livre le prit, il ne se trouvait pas assez extraordinaire, pas assez beau. Pourquoi parler aussi longtemps de Nana, voyons, quand lui se trouvait juste derrière la fenêtre à écouter ce qui se passait dans la chambre d'enfants des Darling ? Mais il n'en fit rien, trop respectueux (combien de temps cela allait-il durer, c'était la seule question à se poser). Mais il profita d'une pause d'à peine quelques secondes ou elle reprenait son souffle pour tourner une page.

-Comment tu t'appelles ?

Peter souffla doucement par le nez, un sourire dévoilant ses dents blanches affiché sur le visage et les sourcils haussés. Les filles étaient bien plus intelligentes que n'importe lequel de ses Garçons Perdus quand elles le voulaient, mais ce qu'elles pouvaient être naïves parfois.

-Évidemment que tu sais qui je suis. Tu as un livre qui porte mon nom entre les mains.

Elle était bizarre cette fille. Et la façon dont elle parlait lui faisait penser à Slightly parfois. Tiens d'ailleurs il fallait qu'il le retrouve celui-ci, Peter avait bien envie d'aller piller les cuisines de l'institut. Peter se passa une main dans les cheveux pour dégager quelques mèches qui le gênaient. Elle referma le livre, à son grand désarroi. Il avait toujours détesté quand Wendy s'arrêtait au beau milieu d'une histoire parce qu'il était l'heure de coucher les enfants. Dans ces cas là il quittait L'Arbre du Pendu pour se défouler sur quelques pirates. Ici il n'y avait pas de pirates sur lesquels se défouler. Et de toute façon cette Marraine la Bonne Fée ne semblait pas beaucoup prôner la violence envers autrui (concept tout à fait invraisemblable aux yeux de Peter à qui il paraissait évident de devoir se débarrasser des personnes offensantes).

Un dé avec la langue ? Quelle drôle d'idée. Peter éclata de rire. Ce n'était pas moqueur mais complètement candide. Cette fille était un drôle de personnage. Si un dé à coudre se donnait avec la langue, Wendy le lui aurait bien sûr expliqué. Wendy était une experte en dé, il en était persuadé. Peter joua avec le baiser qui était toujours soigneusement accroché autour de son cou en pendentif fait par les soins de la petite anglaise. D'ailleurs son histoire lui avait rappelé qu'il faudrait absolument qu'il aille prévenir Wendy qu'à présent il ne pouvait plus aller la chercher pour le ménage annuel. Elle comprendrait la situation, il en était persuadé. Et peut être qu'elle choisirait même de l'accompagner.

-Parce que les dé ça ne se donne pas avec la langue. Tu n'y connais rien. Il s'esclaffa de nouveau. Elle était d'une naïveté touchante. Mais j'imagine qu'il faut que la fille ce soit toi ?

Il n'était pas du genre à repousser un défi même si celui-ci n'avait ni queue ni tête. En un bond il était descendu de la chaise pour aller s’asseoir à côté de Lucie sur le lit. Doucement il approcha son visage de sa joue pour y donner un rapide coup de langue humide de salive. C'était presque aussi dégoûtant que de se cracher dans les mains pour se les serrer par la suite, mais malheureusement bien moins amusant, il fallait le reconnaître. Peter arracha le livre des mains de la demoiselle et se leva pour aller s’asseoir sur le dossier de la chaise, les pieds bien à plats sur la surface plane pour ne pas basculer (tout de suite s'était beaucoup plus difficile de se percher partout quand on ne pouvait plus voler). Il fourra le livre dans son sac et en sortit sa flûte de pan pour y souffler quelques notes.

-La prochaine fois je veux une autre histoire.

Peter soufflait doucement dans sa flûte de Pan déjà perdu dans ses pensées. Il ne réfléchissait pas à la mélodie qu'il jouait par automatisme. Lucie était sortie de son esprit, la jeune fille n'existait plus pour lui.
Et ce fut pour cette exacte raison que Peter ne vit pas Lucie arriver vers lui comme une furie. Il n'eut pas le temps de faire une quelconque réflexion quant au fait qu'elle avait jeté sa flûte (il esquissa un mouvement pour l'en empêcher). Il faut croire que la demoiselle profita de cette opportunité pour aller explorer plus en profondeur la bouche du gamin avec sa langue. Les émotions se mélangèrent rapidement dans la tête de l'enfant, bouillonnaient et l'empêchait de prendre une quelconque décision quand à l'attitude à adopter. Il était surpris bien entendu, mais en colère, dégoûté et effrayé. Après quelques secondes (qui lui semblèrent avoir durée une éternité une fois qu'il y repensait) il se mit en tête de lui mordre la langue, tout simplement. Mais il n'eut pas le temps (la prochaine fois, il serait plus rapide), Lucie avait enfin décidé d'arrêter de le maltraiter d'avantage.

Mais c'était pour parler. Encore. Elle ne s'arrêtait donc jamais.

Peter leva le bras pour la frapper, il se reprit de justesse et se contenta de violemment la repousser en arrière avant de sauter au sol. Il ne fallait pas frapper les filles. Il ne fallait pas. Pas les filles.

-Je ne suis pas ton cher Peter ! Ne me touche pas !

Le garçon donna un coup de pied dans la chaise. Il était furieux et n'avait qu'un désire, casser tout ce qui l'entourait. Il ne savait pas ce qui l'agaçait le plus. Les bêtises et mensonges qu'elle racontait, qu'elle ait osé le toucher sans sa permission ou qu'elle ait posé la main sur sa flûte de Pan. Oh, qu'elle lui ait manqué de respect. Il ne se souvenait pas que quiconque ait déjà été aussi irrévérencieux envers lui.

-Tu n'es qu'une menteuse ! Arrête de parler, tais-toi !

Peter plongea la main dans son sac pour attraper le livre pour lequel il n'avait plus aucun respect. Ce n'était qu'un stupide livre. Avec une violence qu'il ne réservait généralement aux combats contre les indiens, les pirates ou les Garçons Perdus, il se mit à déchirer les pages du livres, les laissant par terre sans plus s'en occuper. De temps en temps il daignait les écraser du bout de sa chaussure.

- Wendy ne raconte pas n'importe quoi. C'est notre maman ! Et une maman dit toujours la vérité ! Tu ne sais pas, tu dis n'importe quoi ! Tu ne connais rien du tout. Tu n'es qu'une... une petite fille idiote !

Elle avait osé touché à sa flûte de Pan. Et à lui. Elle était odieuse et ne jouait pas le jeu. Peter se mit à bafouiller au fur et à mesure qu'il vomissait des injures envers sa récente victime. Il ne se fatiguait pas de déchirer les pages du livre, de les réduire en morceaux. Il craignait aussi les microbes. Wendy les avait prévenus. Il ne fallait rien mettre à la bouche à part de la nourriture. Léchouiller ses armes après un combat n'était certainement pas recommandé. Il y avait des ennemis invisibles, les Microbes. Des créatures qui passaient à l'intérieur de vous pour vous dévorer.
Bien sûr au Pays de Nulle-Part Peter savait qu'il ne risquait rien. Mais ici c'était autre chose.
Le garçon arrêta de s'acharner sur le livre et le jeta au sol, la respiration haletante. Il jeta un coup d'œil autour de lui, peu impressionnée par les dégâts qu'il avait fait. Il se sentait mieux à présent.
Et sans un mot de plus, il alla récupérer sa flûte qui attendait toujours aussi sagement sur le lit. Peter l'inspecta rapidement, effrayé de la voir abimée. Non, elle n'avait rien. Mais elle aurait pu. Il la garda entre ses mains, les doigts crispés dessus. Sans ajouter un mot, Peter réajusta son sac sur son épaule pour sortir de la chambre. Il était honteux de s'être mit dans cet état envers une fille.

❧I am the best there ever was feat Peter Pan  ❧

Il y avait fallu que Lucie se rejette sur lui, l’embrassant cette fois-ci à pleine bouche. S’il croyait qu’elle était comme les autres filles, il s’était trompé le gamin ! Elle était tout sauf comme les autres filles et encore moins comme Wendy. Aller dans le sens des autres, tout en les laissant continuer dans leurs erreurs n’était pas son truc. Mais si la jeune fille s’avérait être imprévisible, l’éternel enfant aussi l’était ! Bien qu’il leva le bras pour la frapper, il ne le fit pas, se contentant juste de la repousser violemment avant de sauter par terre. Au moins, il n’était pas le genre de garçon qui frappait les filles même s’il y en avait une qui l’énervait. Peter : -Je ne suis pas ton cher Peter ! Ne me touche pas ! Là, on pouvait dire que le plan de séduction de Lucie était, comment dire, un véritable échec. En même temps, elle n’avait jamais été douée pour ça et Peter ne lui facilitait pas non plus la tâche à vrai dire ! Celui-ci donna un coup de pieds dans la chaise avant de traiter l’adolescente de menteuse et de lui ordonner de se taire. Ce fut là qu’il fit l’irréparable, que dis-je, le crime impardonnable : il prit le livre de Lucie qu’il avait mis dans son sac et le déchira de toutes ses forces. Oh si vous pouviez la tête de Lucie en cet instant. Ses yeux s’étaient écarquillés sous l’effet du choc et son cœur s’était comme arrêter de battre. C’était comme si Peter venait de lui arracher le cœur ! Elle se retenait pour ne pas pleurer devant lui. Peter : - Wendy ne raconte pas n'importe quoi. C'est notre maman ! Et une maman dit toujours la vérité ! Tu ne sais pas, tu dis n'importe quoi ! Tu ne connais rien du tout. Tu n'es qu'une... une petite fille idiote ! Tout en parlant, il continuait son méfait et puis, s’arrêta, presque essoufflé. Ou pas ! Il récupéra sa flûte sans se soucier un seul instant de la pauvre Lucie. Celle-ci venait de tomber à genoux pour essayer de sauver son livre mais il était en bien mauvais état. Peut-être qu’un peu de magie pourrait le remettre dans son état d’origine. Enfin, si Mal voulait bien l’aider. S’il fallait, elle lui donnerait un peu d’argent. Elle se releva et obligea Peter à se retourner pour lui mettre une claque ! Elle devait d’ailleurs être la première à lui en mettre une ! - C’était mon grand-père qui me l’avait offert pour mes onze ans ! J’y tenais à ce livre mais tu te préoccupes plus de tes affaires que de celles des autres ! Elle a rien ta flûte ! C’était pour pas la casser que je l’avais mise sur mon lit parce que je sais que t’y tenais ! Mais mon livre tu t’en fous ! Et là, elle ne put retenir plus longtemps ses larmes qui coulèrent le long de ses joues. Oui, elle y tenait à ce livre, autant que lui tenait à sa flûte. A ce moment-là, Lucie en voulait à Wendy. Oui, elle lui en voulait pour avoir tout le temps joué le jeu et avoir été dans le sens de Peter. Ça n’avait fait que faire empirer son sale caractère et non le rendre meilleur, un peu plus aimable. Non, à présent, aux yeux de l’adolescente, il était encore pire que dans les livres et bien proche de la version « OUAT » (entendez par « Once upon a time »). - Si moi je suis une petite fille idiote, toi t’es un gros crétin qui pige rien à l’amour et qui est même pas foutu de voir qu’il plait à une fille, même quand elle l’embrasse ! Tu préfères qu’on aille dans ton sens que plutôt reconnaître tes torts ! Avant je voulais aller au Pays Imaginaire pour vivre des aventures avec toi, pour être avec toi mais maintenant, j’ai plus envie ! Elle continuait à pleurer mais là, c’était plus sous l’effet de la colère et de la tristesse en même temps. Elle ne pouvait plus s’arrêter. Toucher à ses affaires, c’était comme s’en prendre directement à elle, y compris quand il s’agissait de ceux qu’elle aimait. - Mais j’ai beau te le dire, ça entre par une oreille et ça sort aussitôt par l’autre avec ta mémoire de poisson rouge et je suis même pas certaine que tu saches ce que c’est un poisson rouge ! T’as détruit une partie de moi en t’en prenant à mon livre ! Maintenant, va-t-en et pour ton histoire de demain, y en auras puisque j’ai plus de livre à cause de toi et ton côté « Ah je ne comprends pas ou on fait pas comme je veux alors je détruits tout et je m’en fous si je fais de la peine ! » ! Sur ce, elle lui ouvrit la porte, le poussa vers le couloir et referma la porte derrière le garçon avant de se laisser glisser le long de la porte et d’éclater encore plus en sanglots. Elle lui en voulait mais malgré tout, elle ne pouvait pas s’empêcher de l’aimer. Ah que c’était compliqué les garçons et l'amour avec ! T’en fais pas ma belle ! ça va finir par s’arranger ! Enfin, j’espère !

Codage de Sybline

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